Interview – Le Président Rebeai Khabtane fait le point sur la saison et l’avenir de l’Excelsior Virton

Club 16/05/2025

Interview – Le Président Rebeai Khabtane fait le point sur la saison et l’avenir de l’Excelsior Virton

stade REV

Bonjour président ! Nos supporters s’inquiètent de ne pas vous voir au Faubourg depuis un certain temps. Comment allez-vous ? 

Cela pourrait aller mieux mais c’est le sport. La déception était grande de ne pas avoir atteint les objectifs. Je n’étais certes pas présent au stade mais j’ai vu tous les matchs en live et je suis tous les jours en communication avec Mohamed Hakem et nos équipes. Je me suis concentré sur le projet d’académie au Mali. Il y a des étapes à finir avant l’été et la saison des pluies.

Comprenez-vous l’inquiétude des supporters en cette fin de saison ?

Non pas du tout. J’ai l’impression que le calme est suspect à Virton. Chaque fin de saison, il doit absolument se passer quelque chose. Nous travaillons…tout simplement.

Certains clubs annoncent des arrivées et à Virton rien ne se passe. Cela peut préoccuper les supporters non ?

Certains clubs amateurs oui, mais ceux du haut de tableau ont une autre planification. Chacun travaille à sa façon. Nous avons pris le parti de ne pas contacter des joueurs qui avaient quelque chose à jouer afin de ne pas les déstabiliser.

De plus, jusqu’à trois journées de la fin, nous ne savions pas dans quelle division nous allions jouer. Il fallait donc préparer 2 mercatos. Mons, Tubize, ou l’Olympic Charleroi ne croulent pas sous les signatures non plus. Les joueurs étaient concentrés sur leurs objectifs.

Où en sommes-nous avec les reconductions ?

Certains ont reçu des propositions mais temporisent. Ils cherchent mieux ailleurs.

Au vu de la saison, et de notre piètre performance, qui peut revendiquer une prolongation ?

Moi, je ne suis pas là pour faire des cadeaux et je ne vais pas surpayer. Une prolongation, ça se mérite. Nous devons rediscuter avec certains comme Arib mais personne n’est indispensable. Je veux des joueurs qui veulent défendre les couleurs de Virton et qui sont contents d’être ici sans que ça soit une finalité. Servir le club et non se servir sera le mot d'ordre pour tout le monde.

Les intérêts du RE Virton seront toujours au-dessus des intérêts personnels des joueurs. 

Vous avez dit en début d’interview « nous travaillons ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Kahbtane © Mathieu Golinvaux

Avec Mohamed HAKEM et la cellule de recrutement nous avons fait un état des lieux. Un diagnostic tout simplement, afin d’analyser ce qui n’a pas fonctionné aussi bien sportivement qu’extra-sportivement. Le but étant de ne pas faire les mêmes erreurs et de corriger ce qui doit l’être. Nous avons passé au crible chaque joueur, notre système de jeu, nos principes de jeu et tous les ingrédients qu’il faut mettre pour gagner des matchs.

C’est-à-dire ?

Il y a l’identité de jeu mais nous avons failli sur l’identité mentale. Le côté cognitif pour jouer à Virton est primordial. L’implication doit être totale car chaque week-end nous rencontrons des équipes qui sont à 100% de leur capacité. 

Nous avons perdu beaucoup de points en fin de match par exemple. Et il y a le match face à l’Olympic où nous menions 0-3 pour perdre 5-3 en supériorité numérique. C’est une faillite collective et mentale.

Pour l'anecdote, j'en parlais avec N'golo KANTÉ, et comme son équipe, à un moment de l'année, nous étions ric rac dans la gestion des matchs. On gagnait mais difficilement, sur un coup de pied arrêté ou un exploit individuel, mais nous manquions de maîtrise. On se disait, ça peut basculer d'un côté comme de l'autre et soit on gagnait en confiance, soit on s'écroulait. Malheureusement, on s'est écroulé alors que l’équipe de notre propriétaire, elle est championne. 

Ce match précis, à l’Olympic, vous a marqué ?

Il symbolise notre saison. Je le regardais en direct, et quand l’Olympic a pris le carton rouge, j’ai eu un mauvais pressentiment. Je savais que cette expulsion allait leur donner un supplément d’âme et que de notre côté, il y aurait un relâchement. Ce fameux supplément que nous n’avons jamais eu malheureusement. 

C’est ce qui a manqué au RE Virton ?

Il nous a manqué un peu de tout. Au niveau mental, nous avons manqué de cœur et de vice. De fighting spirit. Cet esprit de conquête qui permet de renverser des situations. Pour corriger ça, il nous faut plus de joueurs d’expériences, de caractères et totalement impliqués pour être à la hauteur de nos ambitions. Nos cadres n'ont pas joué leur rôle comme ont pu le faire un Terki ou un Zeghdane, à l’Olympic. Ils ont refusé la défaite alors qu'ils étaient menés 0-3.

Nous ne savions pas gérer les temps forts et les temps faibles, et avons loupé tous les moments clés de la saison. On s’est saboté tout seul ai-je envie de dire.

Il n’a pas manqué des attaquants prolifiques ?

Sans doute ! Mais la question qu’on doit se poser, c’est pourquoi une attaque qui fait plus de 50 buts l’année dernière ne met pas un pied devant l’autre cette année. C’est ça qui m'intéresse.

Nous avons clairement identifié un problème d’implication mais également d’animation offensive. Un attaquant ne marque jamais seul. Il y a tout un environnement autour de lui qui le met ou pas dans des situations favorables.

Je pense sincèrement que la qualité était là. Les autres équipes n’avaient pas forcément mieux et pourtant ils scoraient plus.

C’est un échec pour vous ?

Oui totalement.

Certes, la première année était compliquée car nous avions repris le club au 1er juillet. Il a fallu créer toute une équipe en un mois avec des joueurs dont personne ne voulait. Ensuite, les blessures et les galères se sont enchaînées mais on a fait le travail pour stabiliser le club. Cette année, nous avons pu y apporter des joueurs qui ont rajouté de la qualité mais ça n’a pas suffi.

Après, ce sont les joueurs qui sont sur le terrain comme ils aiment le répéter. Ce sont les principaux acteurs. Ils font et défont les entraîneurs. Ils font gagner et ils font perdre les matchs. Et force de constater qu’ils n’ont pas été à la hauteur.

Nous avons perdu des points bêtes face à Tournai, à Stockay et énormément de points à domicile. Sans manquer de respect aux équipes qui nous ont battues, nous n’avons pas le même budget et la même qualité de joueurs, mais avec leurs armes ils ont su nous prendre des points et même nous vaincre. 

Mais, il faut être franc ! Nous avons tous fait des erreurs. Moi le premier. Nous avons échoué collectivement. 

Qu’entendez-vous par erreurs ?

Nous sommes occupés sur le recrutement, par exemple. Et bien, nous devons davantage viser des joueurs qui sont focus sur le projet sportif plutôt que sur leur confort personnel. Ils doivent avoir un comportement exemplaire sur et en dehors du terrain. L’implication doit être totale.

Un exemple concret : dans cette division, il y a beaucoup de contrats d’un an. Et des joueurs débarquent dès janvier pour connaître leur avenir. Ils ne peuvent pas se donner à fond au risque de se blesser selon eux. A chaque fin de contrat, tous les ans donc, il faut gérer les humeurs de chacun et leur expliquer qu’un professionnel doit se donner à fond jusqu’au terme de son contrat. C’est une question de loyauté envers le club qui les rémunère et leur donne une opportunité. 

En résumé, avoir des joueurs impliqués et engagés jusqu’au dernier jour. Signer un contrat de 12 mois, ne signifie pas jouer 6 mois et lever le pied.

Un regret sur cette année ?

lesquoy © mika.photographie

Parfois, on cherche la stabilité et ce n'est pas forcément bon. La stabilité dans la médiocrité ne mène nulle part et à un moment j'aurai dû agir plus vite. Nous étions second mais nous n'avions ni collectif, ni certitude dans le jeu.

Les supporters regrettent le départ de Thibaut Lesquoy...

J’aurais aimé qu’il annonce son départ au club avant de l’annoncer à la presse.

Nous souhaitions le garder mais nous n’avons pas trouvé d’accord.

Les supporters ont chanté son nom afin qu’il reste.

Je devais discuter avec lui après le match de Rochefort et lui faire une dernière proposition mais il avait besoin de se sécuriser rapidement. Thibaut défend ses intérêts et moi je défends ceux du club. Je lui souhaite le meilleur pour la suite de sa carrière.

On sent la fin d’un cycle ?

Je ne parlerais pas de la fin d’un cycle. Cependant, il s’est instauré un climat bizarre que je ne saurais définir. Je pense qu’il faut casser cette routine où certains se sentaient installés. Routine dans laquelle gagner ou perdre ne change rien finalement à leur quotidien.

bailly © mika.photographie

Logan Bailly est également parti.

Logan est un monsieur que j’ai beaucoup apprécié. Je l’ai eu au téléphone et j’ai été touché par ses mots. Il nous a remercié pour l’opportunité qu’on lui a donné et l’attitude qu’on a eu avec lui. La gratitude est une qualité qui n’existe plus trop dans le football donc j’apprécie. Bonne continuation à lui.

D’autres personnes sont parties, Diogo Ferreira et Alexandre Carvalho. Ce dernier s’est exprimé publiquement sur un désaccord sur les valeurs humaines et la trajectoire du projet sportif. Une réaction ?

C’est grotesque.

Je tiens d’abord à souligner qu’il n’a jamais été responsable du recrutement du Royal Excelsior Virton.  L’intitulé de son poste était  « scout ». C’est le contrat qu’il a signé avec nous. Nous n’avons pas communiqué lorsque nous avons mis un terme à sa mission afin de ne pas nuire à sa carrière mais sa sortie m’oblige à apporter des précisions.

Il est arrivé le 2 janvier et NOUS avons mis fin à son contrat le 9 avril ainsi qu’à celui du coordinateur sportif, Diogo Ferreira,. Après 3 mois, la greffe n'a pris ni avec le staff, ni avec les joueurs.

Dernièrement, Alexandre Carvalho s'est rapproché d'un organisme de formation pour animer une conférence intitulée "Comment devenir responsable du recrutement ?" en utilisant sans autorisation le logo du club. Nous avons alerté l'organisme qui a annulé la conférence. Je pense que c'est ce qui a déclenché sa volonté de parler publiquement.

Concernant la trajectoire du projet sportif, son avis compte encore moins que celui de notre jardinier. Comme je lui ai dit, nous lui avons donné l'opportunité de rentrer dans le monde professionnel et malheureusement il ne l'a pas saisie.

Cela fait beaucoup de départs non ?

Est-ce uniquement à Virton ? La critique est aisée mais l’art est difficile.

C’est pareil partout car le monde du football est compliqué. Gérer l’humain est le plus difficile. Trouver des gens loyaux est très compliqué. Dès qu’une personne est en échec, elle critique la direction. Personne n’est parfait, mais je n’ai menti à personne, je n’ai fait aucune promesse que je n’ai pas tenue. Tout ce que j’ai dit, je l’ai fait. Tous ceux qui sont passés par Virton pendant mon mandat ont eu leur dû.

J’ai lu dans la presse, que certains joueurs se plaignaient que les discussions étaient au point mort et que la direction était muette. C’est totalement faux. Ceux à qui nous avons fait des propositions, leurs agents devaient revenir vers nous. C’était au point mort car EUX ne bougeaient pas.

J’ai lu également de la part de certains qu’ils n’avaient pas eu de propositions alors que la proposition faite par le club était sur leur table depuis des semaines.  Ça ne donne pas envie d’aller plus loin.

Nous ne pouvons pas démentir tous les mensonges qui peuvent se dire ici et là. On travaille et on reste concentré sur nos tâches. 

Y-a-t-il déjà des contacts pris avec des nouveaux joueurs ?

Bien sûr, nous avons plusieurs noms par poste qui nous intéressent et qui ont été contactés. Certains sont intéressés et d'autres pas, mais le processus de recrutement est plus long que par le passé car on doit s’assurer de l’aspect cognitif du joueur. Comme je l'ai dit auparavant, nous voulons des joueurs qui souhaitent venir chez nous défendre nos couleurs.

Est-ce toujours difficile d’attirer des joueurs à Virton ?

Oui mais beaucoup moins que l’année dernière. Aujourd’hui, des joueurs de qualités nous contactent pour proposer leurs services.  Autrefois, ils venaient surtout pour les salaires élevés. Aujourd’hui, ils nous disent que la gestion est sérieuse, qu’il n’y a pas de retard de salaires, que les entraînements sont durs, que la visibilité est là, qu’ils s'entraînent et jouent sur de belles pelouses.

Ça nous donne plus de choix pour le recrutement.

C’est de bonne augure donc  ?

Oui, c’est motivant car ça ne se voit pas forcément de l’extérieur mais on met en place tranquillement un cadre structurant ou chacun a une certaine liberté d’agir tout en restant dans les principes fixés par le projet. Par contre, si vous voulez sortir du cadre pour faire à votre manière, ça ne peut pas fonctionner.  

Quels secteurs de jeu sont ciblés ?

Tous les secteurs ! A commencer par l’attaque. On recrutera au milieu et en défense également. Les intéressés peuvent postuler.

Je pourrais signer 20 bons joueurs  rapidement mais seraient-ils compatibles avec le contexte virtonais ? Seraient-ils performants chez nous ? On a vu cette année que la qualité n’était pas suffisante. Mons et nous avions les noms les plus ronflants, mais l’Olympic et Tubize, avec un groupe solide, ont fini loin devant nous. Je me répète mais je veux des joueurs qui veulent être chez nous, qui ont du caractère et qu'ils soient totalement investis dans le projet. 

Qu’en est-il du staff ? Il y aura du changement aux côtés de Caza ?

On doit en discuter début de semaine prochaine.

Nous devons d’abord faire un bilan. Nous n’avons gagné que 2 matchs lors de la phase de play-offs et il est nécessaire de comprendre pourquoi. Le coach a des éléments de réponse, j’en ai aussi et nous devons les confronter.

Le comité et moi-même souhaitons apporter plus de professionnalisme, plus de rigueur, plus de travail. Pour que cela fonctionne, nous devons tous être sur la même longueur d’onde.

Quelles sont les dates à pointer dans l'agenda pour la reprise (premier entraînement, match amical) ?

La préparation doit durer plus ou moins 6 semaines. Le retour sur les pelouses se fera à la mi-juillet soit dans 2 mois. Des matchs amicaux sont en préparation. Mohamed Hakem s’en charge.

Quels sont vos objectifs pour l’année prochaine ?

Ils ne changent pas. Nous souhaitons évoluer à l’échelon supérieur et nous allons construire une équipe pour y parvenir. Nous sommes déterminés.

Un dernier mot pour les supporters ?

Je suis aussi déçu qu’eux, même plus qu’eux. La déception est grande car nous avons vécu une saison frustrante. Je n'ai toujours pas digéré cette saison car je reste persuadé que nous pouvions faire mieux.

Je tiens d’abord à les remercier car eux, ils n’ont rien lâché tout au long de l’année. Nous n’avons pas su leur rendre la joie qu’ils méritaient.

Notre silence ne signifie pas que nous sommes inactifs. Le mercato se traite de façon discrète afin de ne pas créer de surenchère. Nous sommes en négociation avec plusieurs joueurs qui peuvent apporter ce supplément d'âme qui nous a manqué cette année.

Personne ne sera au-dessus du club et ceux qui ont des revendications totalement démesurées sont libres de partir.

Un dernier conseil, profitez de vos vacances pour ceux qui peuvent, libérez-vous l'esprit !  Nous nous chargeons de revenir plus fort pour d'autres défis.

supporters
©mika.photographie